L'enseignement de la création littéraire sans nivellement par le bas, elle enrichit l'environnement, égalise les chances et libère le talent ! Dans l’écriture, l’effort est de tous les jours et la gratification due à l’édition toujours bien lointaine... L'art du récit est-il un don ou une longue aptitude à la patience ?

Certains croient en toute bonne foi que l’écriture est un processus mystérieux que certains comprennent de façon intuitive et innée. Rien n’est plus faux. Chacun trempe la plume de l’écriture dans son imagination, la passion de ses mots et les ailes de sa fantaisie. Si cet encrier n’a d’autre fabrique que notre personnalité, s’il est dans l’art d’écriture le tableau, ce qui s’apprend de tout art restera toujours la technique, c’est-à-dire le cadre. L’art de l’écriture ne déroge pas à cette règle.

Il faut d’emblée intéresser le lecteur à votre oeuvre de peur que, distrait par l’environnement des concurrents (pile de manuscrits dans une maison d’édition, pile de livres dans les librairies, choix pléthorique de lecture numérique à un clic), il ne vous abandonne. D’où l’importance de la première phrase et des premiers paragraphes. Donnez de la couleur à vos mots, de la force à vos idées, du relief à vos descriptions. Il est essentiel de vous assurer que votre début crée le besoin, que votre fin va satisfaire. Il faut chercher à susciter l’intérêt. On doit veiller à ce que l’ouverture du roman soit exaltante ou prometteuse d’excitation. Qu’elle intrigue ou qu’elle captive le lecteur, nous devons tout faire pour l’accrocher et ensuite le garder. Donc, ouvrir l’histoire de telle sorte qu’il poursuive la lecture.

Tenir son récit, c’est pouvoir résumer son essence en une seule phrase. Maîtriser le thème de son histoire (exemple, la trahison), c’est connaître sa destination (nous devons nous unir pour vaincre), maintenant il va falloir y aller, l’écrire. Mais par où commencer sa scène ? Évitons de perdre du temps sur le futile et attardons-nous sur l’important. Laissons respirer les grands moments. Démarrons surtout notre première scène à la rupture de l’équilibre, du statu quo, au moment où cette nouvelle force entre dans le récit pour rendre évident ce qui ne peut plus rester caché. Cet appel de l’aventure, cet incident déclencheur, qui poussera le héros à casser ses habitudes, à rejeter son arsenal de béquilles mentales et de dépendance pour accepter — malgré ses réticences — les risques incontournables qui lui donneront enfin l’équilibre nécessaire à sa vie.

La science d’écrire ne consiste pas toute dans l’image ; mais la magie du style, sa couleur, son éclat, son effet, sa vie sont certainement dans l’image.L’antithèse est la clef, l’explication, la raison génératrice de la moitié de la littérature française, ou, si l’on veut, du style français écrit par nos meilleurs auteurs. « La nature procède par contraste. C’est par les oppositions qu’elle fait jaillir les objets. C’est par leur contraste qu’elle fait sentir les choses : le jour, par la nuit : le chaud par le froid… » (Victor Hugo.)

Pour bien fonctionner, un récit (roman, nouvelle) doit non seulement faire NAÎTRE DES ÉMOTIONS, mais aussi ÊTRE AUTHENTIQUE...

Des créations au véritable potentiel souffrent de défaut de composition, disproportion des développements, longueur de la mise en train, bref d’avoir préféré le caprice des impulsions au cadrage du plan. Si bien qu’au lieu de pousser l’idée dans ses retranchements, on prend la meilleure venue, on l’épouse sur l’autel de son talent, et l’on se désespère au bout de deux cents pages. Au lieu de l’orchestre symphonique si beau que l’on avait dans sa tête, on se retrouve à fredonner le même air que tout le monde, bourré de clichés. On ne tombe pas fatalement dans la platitude du « déjà dit » par le seul fait de n’avoir pas suffisamment développé son plan ; mais c’est une vérité absolue, à forme et à style égal, que la supériorité d’exécution appartiendra à celui qui aura son cadre. Tout travail artistique et littéraire réclame la préparation, la maturité, la réflexion nécessaires à sa bonne exécution. Il faut s’astreindre à savoir construire. Rien ne tient debout sans cela.

C’est dire que le concept le plus important est celui du personnage. La question du dialogue tient, dans l’art d’écrire, presque autant de place que la description. Rien n’est plus difficile que le dialogue.

C’est ce que l’on nomme le point de vue, l’angle physique et restrictif dans l’information, que l’auteur prend afin de décrire le comportement des personnages, leur interaction entre eux et avec l’environnement.Travailler à mettre en situation le drame, le rendre vivant, accroît la tension narrative et augmente son impact.

« Tout ce qu’on dit de trop est fade et rebutant ; L’esprit rassasié le rejette à l’instant. Quand on a fait un ouvrage, il reste une chose bien difficile à faire encore, c’est de mettre à la surface un vernis de facilité, un air de plaisir qui cachent et épargnent au lecteur toute la peine que l’auteur a prise. Le génie commence les beaux ouvrages, mais seul le travail les achève. Quand un ouvrage sent la lime, c’est qu’il n’est pas assez poli ; s’il sent l’huile, c’est qu’on a trop peu veillé. »