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Rencontre avec l'auteur David Bry (Ven 8 Juin 2012), pour son livre Failles aux éditions Asgard.

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Rencontre avec l'auteur David Bry (Ven 8 Juin 2012), pour son livre Failles aux éditions Asgard. Empty Rencontre avec l'auteur David Bry (Ven 8 Juin 2012), pour son livre Failles aux éditions Asgard.

Message par Admin Dim 16 Jan - 13:23

Nous avons la joie d'accueillir le vendredi 8 juin, David Bry.
Un auteur prolifique, qui en moins de trois années sut éditer pas moins de cinq livres chez différents éditeurs : Mnemos, Asgard, Back-book.
Vendredi 8 juin, il répondra aux questions des membres de RdF, et nous parlera de son roman de fantasy : Failles, aux éditions Asgard.

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Dernière édition par Admin le Dim 16 Jan - 13:35, édité 2 fois
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Message par Admin Dim 16 Jan - 13:24

Bonjour !

Merci avant tout à Olivier de m'avoir invité, et à vous tous de m'accueillir ici.
J'ai parcouru quelques sujets d'autres auteurs, ai vu que c'était plutôt direct comme discussions.
C'est impec Smile. Parlons franchement, il n'y a que ça de vrai.

David

********************************************************************

Votre rapport à l’écriture

Quand avez-vous décidé de vous plonger dans l’écriture ?
C’est venu tout seul, lorsque j’étais gamin. Je lisais énormément, et j’étais souvent frustré par la fin des livres : frustré que cela se termine (Mais que se passe-t-il, après ?), ou bien frustré par la fin elle-même (Que ce serait-il passé, si … ?). Rapidement, j’ai commencé à imaginer des suites, des dénouements alternatifs … Jusqu’à ce que je me mette à inventer et écrire mes propres histoires. La première était une nouvelle, écrite à 9 ans, la seconde un roman, à 12 ans. Et les deux étaient déjà de la fantasy .

Nous imaginons que pour réussir à achever un roman, il faut être réellement passionné. Ressentez-vous l’écriture comme un besoin ?
L’écriture, non (désolé !). Mais inventer et raconter des histoires, oui. J’aime partager ce qui a pu m’émouvoir, me faire vibrer, me faire rire, dans l’espoir de provoquer (offrir) les mêmes réactions à ceux qui voudront s’y plonger. Si je n’avais pas jeté mon dévolu sur l’écriture comme moyen de partage, je me serais sans doute essayé conteur. J’aurais adoré ça, aussi.

Quelle est votre fréquence d’écriture (tous les jours, plusieurs heures par jours, etc.) ?
J’écris tous les jours, sauf le week-end. Je passe beaucoup de temps dans les transports en commun (train), et j’en profite pour écrite, sur un notebook. Et j’écris aussi une fois chez moi, après le dîner. En moyenne, je dois écrire entre 2 et 3 heures par jour.
Je me suis moi-même fixé ces « plages » d’écriture. Je crois que je suis, au fond, un paresseux. Si je n’ai pas de contrainte, je ne fais rien. Alors je me force à démarrer, ouvrir le notebook, allumer l’ordinateur. Une fois que je suis parti, par contre, c’est l’inverse : j’ai du mal à m’arrêter .
Ça fonctionne au final très bien. J’écris énormément, à un rythme très régulier, même si je le paie régulièrement en fatigue …

D’où tirez-vous votre inspiration (promenades, lectures, cinéma, etc.) ?
De beaucoup, beaucoup de choses.
Il y a la musique, avant tout, qui a le don de me mettre en transe (en sens figuré, hein !). La musique véhicule énormément d’émotions, d’images. A partir d’un bout de refrain, d’un air un peu trop triste ou un peu trop violent, mon imagination prend le relai, et j’invente énormément d’histoires ou de situations à partir de cela.
Mes propres lectures m’influencent aussi, même si leur effet me semble moins visible en surface. Et puis, il y a la vie aussi, qui laisse ses traces. Les bons comme les mauvais moments donnent de l’expérience, de la matière, une envie de raconter aussi, certainement.
De manière générale, je suis une éponge. Tout m’interpelle, me touche, m’émeut, me fait rire. Mais rien ne peut rester à l’intérieur, sinon j’exploserais je crois. Alors, j’utilise tout cela pour en faire la matière de mes histoires.

Avez-vous toujours écrit de la fantasy ? Écrivez-vous uniquement cela ?
J’ai commencé gamin par écrire de la fantasy, sans réfléchir (et je serais bien ennuyé de devoir aujourd’hui expliquer pourquoi). Après ces premiers essais, j’ai créé plusieurs petites pièces de théâtre, avant une pause de longues, longues années, suivie d’un retour à l’écriture … dans le domaine de la fantasy, avec la parution de mes quatre premiers romans (La trilogie de La seconde chute d’Ervalon, puis Failles).
Mes envies sont aujourd’hui plus variées. Mon dernier roman (2087) est un polar d’anticipation, qui se passe dans Paris en 2087 (fastoche pour trouver un titre Wink, mon prochain livre (Contes désenchantés, dont la sortie est prévue en fin d’année) est un recueil de contes à l’humour très noir et à la morale tout sauf … morale.
J’aime peu à peu sortir de mes sentiers battus à moi, explorer d’autres univers, d’autres mondes et d’autres époques. L’imaginaire est un terrain vaste, immensément vaste. Je veux essayer d’aller là où me mèneront mes envies et mon imagination, en espérant que les histoires qui en sortiront en vaudront la peine.

Écrivez-vous votre premier jet à la main ou préférez-vous travailler directement à l’ordinateur ?
Je travaille uniquement sur ordinateur. J’ai essayé au tout début de me relire sur des tapuscrits imprimés, pensant que je réussirais mieux à me mettre à la place du lecteur. Cela prenait énormément de temps que de ressaisir mes modifications qui, une fois ré-imprimées, ne me convenaient que rarement, m’obligeant ainsi à répéter le processus plusieurs fois.
Je suis maintenant 100% électronique, ce qui me convient très bien d’une part, et me fait aussi gagner énormément de temps.

Utilisez-vous un logiciel d’aide à l’écriture, correcteur ou autre ?
Je n’utilise qu’un traitement de texte, et internet, lorsque j’ai besoin d’une définition précise ou pour me rassurer sur la signification exacte d’un mot. Ah, et de temps à autres, j’utilise aussi TextStat, pour traquer les répétitions qui sont l’une de mes faiblesses. Mais je progresse là-dessus (enfin, je crois !), et TextStat commence à prendre la poussière.
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Message par Admin Dim 16 Jan - 13:25

L’écriture

Quand est née pour la première fois l’idée d’écrire un roman en entier ?
Un roman tout entier ? J’avais 12 ans. Je lisais énormément, et jouais aussi beaucoup à l’ordinateur. J’étais fasciné par le moyen-âge, la magie et les mondes imaginaires. J’ai donc décidé d’inventer ma propre histoire, sur ces thèmes-là. J’ai mis de côté les livres et les jeux, et me suis mis à écrire. Pendant des semaines et des semaines, je n’ai fait que ça. Et j’ai fini mon premier roman. Peu de personnes l’ont lu, en dehors ma prof de français de l’époque qui avait été impressionnée par l’épaisseur des pages imprimées. La maison d’édition à laquelle je l’avais envoyé (comme quoi, déjà, à l’époque … Smile l’avait refusé bien sûr, mais m’avait encouragé à continuer. C’est quelque chose qui m’avait beaucoup impressionné sur le moment et, quand j’y repense aujourd’hui, reste un très, très beau souvenir.

Avez-vous rapidement eu une idée claire du scénario ou s’est-il mis en place à mesure ?
Mes scénarios de roman ne se mettent jamais en place d’un coup, non. Au contraire, ils se construisent dans mon esprit, peu à peu.
Tout commence par une idée autour d’un personnage, d’un sentiment, d’une situation. L’envie est à ce moment-là diffuse, l’histoire nébuleuse. Je passe alors beaucoup de temps à l’affiner, à l’étirer, à la travailler. Sans écrire. Je cherche ce que je veux raconter, et comment, j’essaie de voir de quelle manière cela tient la route. Au fur et à mesure, l’histoire s’éclaircit, prend forme, corps. Cela me prend en général un mois, ou deux. Et c’est uniquement après cela que je peux me poser devant mon ordinateur, et commencer à écrire.

Avez-vous écrit une trame très précise, un résumé ? Si oui, ce premier travail s’est-il fait avant la rédaction proprement dite ou simultanément ?
Une fois que je sais ce que je veux écrire (c'est-à-dire lorsque j’ai mon point de départ, mon histoire à peu près, et l’endroit où je veux aller), j’ai besoin de structurer. Je ne peux pas (ne sais pas), comme certains autres auteurs, prendre mon crayon et partir d’une page blanche. Au lieu de cela, j’imagine chaque étape (chaque chapitre), chaque élément qui me permettra d’amener l’histoire (et le lecteur) de ce début jusqu’à la fin que j’ai voulue. Et c’est seulement une fois que j’ai bien tout balisé que je me lance dans l’écriture à proprement parler. Je respecte toujours plus ou moins mon synopsis, tout en m’autorisant des écarts, par nécessité ou envie. Mais cette route que je me suis tracée me permet de me rassurer, et de me donner une direction sans quoi je pourrais me perdre, et perdre aussi courage. Ecrire, c’est une sorte de marathon. Et, moi, j’ai toujours besoin de connaître la distance qu’il me reste à faire pour ne pas perdre courage.

Combien de temps vous a-t-il fallu, de la première phrase à la dernière page, pour écrire votre œuvre ?
Il m’a fallu 9 mois pour écrire Failles, de la première à la dernière ligne. 2087 a été plus rapide : il ne m’a demandé que 6 mois.

Avez-vous corrigé votre travail au fur et à mesure ou une fois la rédaction terminée ? À ce titre, combien de temps vous a pris le travail de réécriture, correction ? Cette correction a-t-elle été compliquée ? Avez-vous eu recours à des bêta-lecteurs ?
Je fonctionne par chapitre. Je fais le premier jet de chaque chapitre sans m’appesantir dessus, sans relire, laissant parfois même quelques fins de paragraphes en suspens. Une fois que je suis arrivé au bout du chapitre, alors je le relis attentivement, corrige, modifie. Un peu j’imagine comme le ferait un sculpteur : dans un premier temps, il dégrossit. Dans un second, tout doit prendre exactement la forme attendue. J’ajoute aussi en toute fin de tapuscrit des remarques, des pense-bêtes sur des éléments à ajouter plus tard, ou dans un autre chapitre, pour une question de cohérence globale, ou bien une idée que j’aime et que je veux ajouter plus tard. Ce sont souvent des petits détails, mais qui ont de l’importance pour moi.
Une fois chaque chapitre écrit (ce qui me prend en général une semaine), je l’envoie à mes beta-lecteurs qui le lisent, pendant que j’embraye sur le suivant. Ils me font leurs retours, me donnent leurs impressions. Je ne modifie rien sur le coup, mais conserve toutes leurs remarques.
Enfin, lorsque je suis arrivé au bout de l’histoire (ah, la joie d’arriver au dernier point !) et bien … je recommence Smile. A partir des remarques faites par mes beta-lecteurs et de mes notes prises en cours de rédaction, je relis et recorrige le tout, relis encore et corrige encore, deux, trois, quatre fois.
Je crois que j’ai de la chance d’avoir des relecteurs clairs, que je connais bien. Chacun (ils sont 4) a une vision, des envies, des attentes différentes, qui leur sont propres. Je sais donc rapidement ce qu’ils veulent dire, et si je pense devoir ou non intégrer les remarques qu’ils m’ont faites.
Corriger est finalement peut-être l’étape la plus facile, elle est presque plus « mécanique ». Sur Failles, elle m’a pris de mémoire un peu plus de trois mois, et à peine un pour 2087.

Avez-vous douté durant votre travail ? Si oui, comment avez-vous réussi à retrouver confiance ?
Oh, que oui ! Et le doute, c’est horrible.
Il y a deux types de doutes, chez moi en tout cas. Ceux que je m’inflige à moi-même, comme un grand, quand je me dis que mon chapitre est nul, que l’histoire est creuse, que les personnages sonnent faux, et que je ferais mieux de tout arrêter. Et ceux que m’insufflent mes beta-lecteurs, lorsqu’ils sont mitigés, n’ont pas compris, n’ont pas été emportés par ce que j’essaie de raconter.
Il y a deux moyens, pour moi en tout cas, d’essayer de repousser ces doutes. Lorsque je suis sur un passage difficile, je pense aux chapitres que mes beta lecteurs ont aimé. Ca me rassure, me donne l’envie et le courage de continuer, malgré la difficulté. Et, sinon, je pense à la fin de l’histoire, à l’épilogue que je cherche à atteindre. Ca me motive toujours énormément. Je me dis que les difficultés ne concernent qu’une étape, que je pourrai améliorer après ce qui doit l’être, une fois que j’aurais pris du recul.
Ecrire n’est pas qu’un plaisir. Le doute est un moment récurrent difficile, même s’il est absolument indispensable (car sans le doute, il n’y a pas d’amélioration possible). Et ce qui est compliqué, aussi, c’est de devoir parfois choisir entre continuer, coûte que coûte, et se dire qu’il vaut mieux abandonner une histoire, et passer à autre chose. Ça m’est arrivé, une fois. Ce n’est pas simple non plus.

Nous supposons qu’il faut organiser correctement son temps pour aller au bout d’un travail de si longue haleine. Comment avez-vous concilié vie professionnelle, familiale et le temps nécessaire à l’élaboration de votre œuvre ?
Il y a effectivement un troisième temps à prendre en compte, en plus des vies professionnelle et familiale. Je me suis mis comme règle de ne pas écrire le week-end et, le soir, je n’écris qu’après le dîner. Je ne fais cependant que ça de mes soirées.
Pour l’instant, ça fonctionne plutôt pas mal. Cela dit, je vais papa d’ici quelques mois, et je crains que ma belle organisation si bien rodée devienne tout à coup plus difficile à tenir. Je devrai m’adapter, quoi qu’il en soit …

Comment arrivez-vous à maintenir la distance nécessaire pour garder votre esprit critique par rapport à ce que vous écrivez ?
C’est très simple : je n’y arrive pas, mais alors pas du tout. Tout est trop à chaud, trop près, trop … tout, lorsque j‘écris, pour que je puisse prendre du recul. Mes beta-lecteurs m’aident à comprendre certaines choses. En dehors de cela, je suis obligé de faire confiance à mon instinct pour essayer de savoir ce qui fonctionne ou ce qui ne fonctionne pas. J’essaie aussi de me mettre à la place du lecteur. Et je me trompe, parfois.
Seul le temps qui passe m’apporte un peu de distance, et me permet enfin d’avoir un regard critique sur ce que j’ai fait. Et ce regard critique est indispensable si on souhaite progresser.

Quels sont les passages que vous avez préféré rédiger ? Quels ont été les plus ardus à écrire ?
J’adore écrire la fin d’un livre, quel qu’il soit. Vraiment. C’est comme arriver au bout d’une longue randonnée. On est épuisé, vidé, vanné, un peu étourdi … mais heureux. Heureux de l’effort, d’y être arrivé, après tant de jours, de semaines et de mois passés à travailler comme un acharné. J’éprouve à chaque fois la même émotion, intense.
Les passages les plus difficiles sont souvent les premiers chapitres. Il faut faire en sorte de provoquer l’intérêt du lecteur, de l’immerger dans le monde, sans le noyer, sans l’assommer. C’est vraiment difficile, pour moi en tout cas. Certains passages de transition sont également compliqués à rédiger, lorsqu’on est entre deux étapes du livre, qu’il faut faire passer le lecteur de l’un à l’autre sans l’ennuyer. J’ai plus de facilité avec les chapitres d’actions et de résolution.

La séparation et l’organisation de vos chapitres se sont-elles faites naturellement ou avez-vous dû les retravailler ?
La structuration des chapitres et les passages de l’un à l’autre se font très naturellement. Je crois que c’est l’un des points où je suis le plus à l’aise, et même de plus en plus à l’aise. D’après mes beta-lecteurs, en tout cas Smile.
J’essaie toujours de terminer un chapitre sur un élément de suspens (Que va-t-il se passer après ?), ou bien au contraire sur une révélation, un évènement qui tombe comme un couperet, afin d’ajouter un l’effet dramatique. J’analyse tout cela a posteriori, en répondant à cette question, mais j’ai vraiment l’impression de fonctionner comme cela, bien que je le fasse de manière très intuitive.

Le sentiment de satisfaction doit être immense lorsque l’on achève une telle entreprise. Pouvez-vous nous le décrire ?
En fait, le vrai sentiment de satisfaction arrive, chez moi en tout cas, à la fin du premier jet du roman. Mais il ne dure pas longtemps. Le premier jet est fait, très bien, super, mais après il faut encore le corriger intégralement.
Lorsque le livre est terminé, prêt à partir à l’impression … Je crois qu’on ne se rend pas bien compte de ce qu’il se passe. Ce n’est plus trop à nous, auteurs, de jouer. On a fait notre travail, du mieux qu’on a pu, et il ne reste plus qu’à attendre (avec angoisse, bien sûr Smile les premières critiques. Y a-t-il de la satisfaction à ce moment-là ? Je ne suis pas certain. On laisse plus partir le livre qu’autre chose, comme on laisserait un enfant quitter la maison …
Je crois que la satisfaction est en sentiment finalement assez rare dans l’écriture, à part quelques courts moments éphémères. Soit on est en pleine écriture, et on n’a pas le temps de s’auto-congratuler, soit le livre est terminé … et on est déjà dans le suivant.

Sans bien sûr nous dévoiler l’intrigue, quel (s) moment (s) préférez-vous dans votre œuvre ?
Dans Failles, j’ai un attachement très, très particulier … à l’épilogue ! (quelle surprise, me direz-vous Smile ). C’est pour moi la justification de toute l’histoire, de toute la quête. Presque le but de toute une vie. La phrase qui clôture Failles est venue très tôt, avant même que je commence à rédiger le bouquin. Je l’aime vraiment beaucoup.
En ce qui concerne 2087, il y a deux scènes qui j’aime particulièrement : la première est au milieu du roman, où une l’opération d’une tête coupée ne se passe finalement pas comme prévu, et la seconde dans les deux derniers chapitres avant la fin, lorsque tout se dénoue. J’en ai encore quelques palpitations, d’ailleurs … et pas mal d’émotion, aussi, j’avoue.
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Message par Admin Dim 16 Jan - 13:26

À la recherche d’un éditeur

S’agissait-il de votre premier tapuscrit envoyé ou avez-vous d’autres écrits n’ayant pas trouvé preneurs ?
Mes premiers livres, la trilogie d’Ervalon (T1 : Les brigands d’Avelden, T2 : Les seigneurs d’Ervalon et T3 : Le destin d’Avelden), ont trouvé preneur tout de suite, chez Mnémos. Je crois que j’ai été très chanceux. Il s’agissait de mes premiers romans, je ne connaissais personne dans le milieu de l’édition, et je n’avais jamais, jamais rien publié avant. L’appel de mon éditeur, m’annonçant qu’il voulait sortir Ervalon, restera longtemps dans ma mémoire. J’étais super heureux. Je n’en revenais pas.

Avant de chercher un éditeur pour ce roman, avez-vous fait paraître des nouvelles ? Si oui, sous quelle forme ? Recueil, anthologie, revues, webzine... ?
Je n’avais rien publié avant. Je pense cependant, et c’est un conseil que je donne régulièrement, que commencer par des nouvelles est le meilleur moyen de se faire repérer, par les lecteurs – qui aimeront suivre la progression d’un auteur qu’ils auront appris à connaître –, et par les éditeurs, qui prendront plus facilement de risques avec quelqu’un qui a déjà publié, et qui a un minimum d’expérience. Il y a de nombreux appels à textes qui trainent sur Internet. Il faut s’en saisir !

Que pensez-vous, à ce titre, de la nouvelle, notamment sur le côté formateur qu'elle peut avoir pour un écrivain novice ?
L’apport des nouvelles est incontestablement très, très formateur. Le travail sur une nouvelle oblige à synthétiser (ne pas partir dans toutes les directions, savoir suivre son fil conducteur sans se perdre), à être pertinent (y a-t-il vraiment une raison à écrire telle ou telle phrase ?), efficace (on n’a que quelques pages pour marquer le lecteur !). A travailler les effets de chute aussi. Par ailleurs, puisque le travail est bien moins conséquent que pour un livre, il est plus facile de corriger, re-corriger, re-re-corriger, sans perdre espoir. Enfin, les nouvelles offrant en général moins de personnages que les romans, il est plus aisé d’apprendre à les manier, à les étoffer, les rendre vivants.
J’en ai écrites pas mal, après mes premiers romans, et cela m’a vraiment beaucoup, beaucoup appris.

Comment avez-vous su que votre roman était achevé, que vous ne pouviez plus l’améliorer, qu’il était temps de l’envoyer ?
A force de relectures. Lorsque je me rends compte qu’en relisant, je ne fais plus que modifier des virgules ou des points, échanger des mots par des autres, de manière épisodique, que je pinaille pour résumé, alors je sais que le roman est terminé, de mon point de vue en tout cas. La confrontation au regard de l’éditeur et du correcteur apportera forcément d’autres modifications, d’autres corrections, mais celles-ci doivent venir dans un second temps.

À combien d’éditeurs l’avez-vous envoyé ?
Je cible toujours entre 3 et 5 éditeurs, avant d’imaginer élargir dans un second temps. Par chance, je n’ai jamais eu besoin d’élargir à ce jour, il y a toujours eu au moins un éditeur pour être intéressé tout de suite.

À partir de ce moment commence l’attente d’une réponse. Pouvez-vous nous décrire ce que l’on ressent ?
Du stress et de l’inquiétude, bien sûr Smile. Je consulte mes mails toutes les 20 secondes, sursaute dès que j’en reçois un, maudis mon père, ma sœur ou mes amis de m’écrire alors que j’attends un mail d’un éditeur, tout ça quoi … Les jours paraissent longs, que dire alors des semaines ? Finalement, après quelques temps, on finit par relativiser (de toute manière, c’est ça ou crever de stress, donc ce n’est qu’une question de survie !), et on attend plus ou moins sereinement. Mais ce n’est pas la période la plus agréable du processus d’écriture et d’édition, loin de là.

Aviez-vous des liens personnels ou professionnels ayant pu appuyer votre tapuscrit auprès des maisons d’édition ?
Pour mes premiers livres (Ervalon), aucun. J’avais envoyé mon tapuscrit comme tant d’autres, et il a rejoint une pile assez impressionnante (que j’ai pu voir de mes propres yeux, après). Ervalon a eu le bonheur de plaire à mon éditeur chez Mnémos, signant ainsi mon entrée dans ce monde-là.
Maintenant, évidemment, c’est un peu plus facile, je connais quelques éditeurs, je leur envoie directement mes tapuscrits. Ils les lisent quand ils le peuvent, et me font leurs retours. Cela ne veut pas dire qu’ils les prennent, loin de là. Une fois qu’on a écrit et sorti un livre, le plus dur est d’en faire un deuxième. Puis un troisième. Puis un quatrième.

Au bout de combien de temps avez-vous reçu une réponse ? Toutes les maisons vous ont-elles répondu ? Combien ont répondu à la négative avant de recevoir un accord ?
Là aussi j’ai eu de la chance, ça a été très rapide. Pour Ervalon, j’ai attendu deux ou trois mois de mémoire, pas plus (2 refus, et 1 accord). Pour Failles, j’ai eu une réponse en une semaine (1 accord, 1 hésitant et 1 ou 2 refus). Et un peu moins d’un mois pour 2087 (1 accord et 3 refus).
De manière générale, dès que j’ai un accord, je relance les autres maisons pour leur demander si elles souhaitent se positionner. Certaines accélèrent leurs lectures, d’autres me disent qu’elles n’ont pas le temps.

Combien ont validé votre tapuscrit ? S’il y en a plusieurs, pourquoi avoir choisi votre éditeur actuel ?
Un seul de mes tapuscrits a intéressé plusieurs maisons en même temps : il s’agit des Contes désenchantés, qui sortiront à la fin de l’année. Mon choix a été facile à faire : j’ai choisi la maison qui m’avait dit oui en premier.

Pour parler plus particulièrement de votre actuel éditeur que je vous laisse citer, au bout de combien de temps celui-ci vous a-t-il répondu ?
Je travaille actuellement avec deux éditeurs : Asgard, et Black Book. Asgard a été très rapide pour Failles : j’ai eu une réponse en une semaine ! Pour Black Book, cela a pris « un peu plus de temps » : un peu moins d’un mois.

Votre éditeur a-t-il directement validé votre œuvre ou s'est-il d’abord montré sceptique ?
Dans les deux cas, l’enthousiasme a été présent tout de suite. Ce qui est très, très agréable.

Qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez reçu la réponse positive de votre éditeur ?
Un soulagement, pour Failles. Je sortais d’Ervalon, qui n’avait pas eu que de bonnes critiques. Je me demandais si j’étais vraiment fait pour ça, si je savais écrire, si je serai capable de m’améliorer. La réponse si rapide d’Asgard, et l’hésitation d’une autre maison, m’ont énormément motivé, à un moment où j’en avais vraiment besoin.
Pour 2087, celle qui allait devenir mon éditrice m’avait envoyé un long mail, m’expliquant à quel point elle avait adoré le roman et que oui, oui, oui, elle voulait le sortir chez elle si j’étais d’accord. Son enthousiasme m’a énormément touché. J’avais envoyé le manuscrit chez de gros éditeurs, et j’ai même fini par espérer qu’ils ne me prendraient pas. Coup de bol, j’ai été exaucé Razz. Blague à part, dès le début j’ai senti que 2087 était soutenu, porté par une autre personne que moi, et ça a été vraiment fantastique.
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Message par Admin Dim 16 Jan - 13:27

De l’acceptation à la parution

Votre éditeur vous a certainement demandé un certain travail de correction sur votre œuvre. Était-il conséquent ? Vous a-t-on obligé à modifier des passages que vous teniez à garder ?
Sur aucun de mes livres je n’ai eu énormément de travail. On ne m’a jamais demandé d’ajouter ou de supprimer de passages entiers, je n’ai eu aucune demande de modification de fond. Les corrections ont principalement porté sur des détails, des répétitions, des tournures lourdes ou maladroites, des choses mal dites.
Ervalon n’a eu quasiment aucune correction, en dehors de quelques fautes corrigées. Les romans, je crois, en ont souffert. Il s’agissait de mes premiers, et plus encore que les autres ils en auraient eu besoin. Jeunes et futurs auteurs, donc, notez-le : il faut que vos romans soient corrigés. Je l’ignorais à l’époque, et je regrette aujourd’hui cette ignorance.
Dans Failles, j’ai eu quelques retours précieux, plus orientés sur des détails historiques par rapport au moyen-âge, ainsi que sur certaines tournures de phrases maladroites.
Dans 2087, enfin, mon éditrice m’a principalement suggéré d’ajouter et d’insister sur des bâtiments existants, qui permettent de mieux faire le lien entre le Paris de 2087 et celui de 2012. J’en avais décrit quelques-uns, elle trouvait que je pouvais en faire plus. C’est suite à cela que j’ai ajouté la Tour Eiffel par exemple. Elle m’a également demandé de rendre plus vivants certains dialogues.
De manière générale, je suis très preneur de ces retours. Je fais confiance aux éditeurs et aux correcteurs. S’ils me demandent quelque chose, c’est que cela a un sens. Neuf fois sur dix, je prends donc en compte leurs propositions. Je n’ai jamais encore été confronté à un cas où l’éditeur et moi n’étions pas d’accord.

Vous a-t-on demandé de terminer le second tome avant de publier le premier ?
Non. Les 3 tomes d’Ervalon ont été envoyés en même temps, et les livres suivants sont des romans en un seul tome.

Avez-vous pu discuter à bâtons rompus avec votre maison d'édition, ou était-ce « à prendre ou à laisser » ?
Il n’y a pas eu de discussions véritables, j’ai eu un accord, et dans un second temps (lors de la phase de correction des romans) on a discuté des éventuelles modifications à apporter au roman. Le tout s’est déroulé, pour Failles et 2087, dans un climat de respect et de confiance respectifs, très agréables.

Avez-vous participé à la fabrication de la maquette de votre livre ? Si oui, votre avis était-il principal ou seulement secondaire ?
La maquette m’a été à chaque fois envoyée pour relecture, mais je ne fais que rarement de remarque dessus.
Pour les couvertures, chaque maison d’édition travaille un peu différemment je pense. Pour Failles, j’ai été en lien direct avec l’illustrateur (Michel Borderie). Je lui ai proposé 3-4 passages du livre, on a discuté, il a fait une première ébauche qui était presque parfaite, et on l’a revue ensemble, afin d’arriver jusqu’à la couverture telle qu’elle est, superbe.
Pour 2087, mon éditrice s’est occupée de tout. Elle m’a envoyé le résultat final, réalisé par Sylvain Sarrailh, et j’ai été bluffé, vraiment. C’était exactement l’ambiance que j’avais imaginée pour mon livre. J’ai adoré … et ai été très admiratif du travail de Sylvain.

Au final, combien de temps s’est écoulé entre le début de l’écriture de votre livre et sa parution ?
J’ai écrit Failles de février 2010 à septembre/octobre 2010. Il a été accepté en décembre 2010, pour une parution en septembre 2011.
J’ai commencé à réfléchir à 2087 en octobre / novembre 2010 (dans la foulée de Failles), l’ai écrit de décembre 2010 à mai 2011 Je l’ai envoyé en juillet 2011, eu un retour positif en août 2011 et ai signé en septembre 2011. Le roman est sorti assez rapidement derrière, en mai 2012.
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Rencontre avec l'auteur David Bry (Ven 8 Juin 2012), pour son livre Failles aux éditions Asgard. Empty Re: Rencontre avec l'auteur David Bry (Ven 8 Juin 2012), pour son livre Failles aux éditions Asgard.

Message par Admin Dim 16 Jan - 13:29

Bonjour Sunny Blue,

merci pour tes questions.

En écho à ta première trilogie, laquelle est présentée concomitamment sur le forum, il est courant de lire qu'une bonne partie de jeu de rôles fait un mauvais roman. Qu'en penses-tu ? Comment t'y es-tu pris pour rendre une soirée entre amis digeste pour le lecteur ?
Je ne pense pas qu'il y ait de lien entre le jeu de rôle et la qualité du roman. Je pense plutôt qu'il y a un lien à faire entre premier roman et qualité du roman. Certains auteurs (un nombre non négligeable d'entre eux a je crois commencé par le jeu de rôle) réussissent à marquer les esprits tout de suite, avec un style de folie, un univers incroyable. D'autres font une entrée plus modeste. Je suis lucide, je m'inscris évidemment dans ces derniers. Cela n'a pas empêché de nombreux lecteurs d'aimer Ervalon, même si évidemment l'histoire comme le style sont améliorable, j'en suis conscient aussi (ah, les premiers romans ...).

Je n'ai pas écrit Ervalon dans le but d'être édité. Je l'ai écrit pour garder trace de l'histoire que j'avais racontée, et que j'avais partagé avec mes amis. Une histoire que j'ai aimé et que j'aime toujours énormément. Une histoire de valeurs, de sacrifices, d'amitié, de défaites et de victoires. C'est ça que je raconte dans Ervalon. Je n'y vois donc aucune différence, en termes de traitement, d'écriture ou autre, par rapport à mes autres romans. Dans ces derniers, j'ai profité de l'expérience acquise, bien sûr. Mais raconter une histoire reste ... raconter une histoire Smile.

Tu avoues te consacrer plutôt à l'histoire en elle-même qu'à l'écriture. Est-ce à dire que tes romans ne sont pas très biens écrits mais conviennent ainsi à défaut de mieux ? Pourquoi, d'après toi, les éditeurs de fantasy française ne sont pas trop exigeants au niveau du style ?
:aïe:
Bon, ce n'est pas exactement, exactement ce que j'ai voulu dire. Pour moi, oui, un livre sans une histoire qui se tient, sans une histoire qui tient le lecteur, et bien ... ne m'intéresse pas. Je suis avant tout un lecteur et un raconteur d'histoire. Pas un écrivain. Je ne cherche pas à lire quelque chose de bien écrit, mais lire quelque chose qui m'emporte. Alors oui, ma priorité est absolument et sans équivoque l'histoire. L'écriture est (pour moi, évidemment) à son service. Cela ne veut pas dire que j'écris comme une bouse et que je m'en fiche Smile. Je reste amoureux des mots, des sons qu'ils forment. J'écris du mieux que je peux. Est-ce bien écrit, mal écrit ? Je vais être transparent, et ne pas parler en mon nom (parce que cela n'aurait aucune valeur, me concernant) : les critiques d'Ervalon n'étaient pas excellentes à ce sujet, celles de 2087 (mon dernier) sont plutôt unanimes : c'est bien écrit. Est-ce vrai, fauix ? Impossible à dire, tant cela est subjectif. Chaque lecteur aime un certain style, et se fait son propre avis, en fonction de ses goûts, de ses attentes, de la manière dont il peut être approché.

Je ne suis pas d'accord quand tu dis que les éditeurs de fantasy ne sont pas regardants sur le style. De nombreuses maisons sont intraitables là-dessus, par bonheur. D'autres, moins, en effet. Ca dépend de l'expérience des éditeurs, ça dépend des goûts et des couleurs , ça dépend évidemment aussi d'une stratégie commerciale (toujours le même souci de qualité vs quantité). Il est aussi connu qu'un auteur, en général, est un pari. Il ne réussit pas tout de suite (pas tout le temps, en tout cas), il n'arrive pas tout de suite au top de ses possibilités. Les éditeurs, peut-être (je dis peut-être car je n'ai pas la réponse), voient cela aussi. Les possibilités.

Tu expliques aussi que tes romans ont fait l'objet de très peu de corrections et ont passé les comité de lecture comme une lettre à la poste alors que tu étais un parfait inconnu et que tu n'avais rien publié auparavant. C'est le rêve de tout auteur ! Mais tu reconnais dans le même temps regretter que la phase de correction n'ait pas été plus approfondie. Je rejoins donc ma question précédente : les éditeurs de Fantasy sont-ils moins compétents que d'autres généralistes ou sont-ils moins exigeants en terme de qualité parce qu'il s'agit de Fantasy ?
Mon éditeur de l'époque a-t-il estimé que mon texte était une perle ? (ok, même moi ça me semble difficile à croire Smile ). Y a-t-i eu manque de temps, d'envie, y a-t-il eu incompréhension ? Je ne sais pas. Mais je suis convaincu qu'il s'agit d'un cas particulier. Qui arrive, certes. Mais qui ne doit pas être transformé en une généralité. Et qui, j'insiste, n'est même pas souhaitable. Tout le monde y perd : l'éditeur, l'auteur, la maison d'édition ... et le lecteur.

En outre, pour être ainsi édité rapidement et facilement, n'y a-t-il pas une bonne part de chance ?
Si. Si, bien sûr. Je crie sur tous les toits que j'ai beaucoup de chance. Faudrait que j'apprenne à mentir, dire que je suis bourré de talent, le nouveau China Mieville ou Stephen King. Mais je ne sais pas mentir. Alors oui : j'ai eu de la chance, beaucoup même. Et maintenant, j'écris, j'écris, j'écris, du mieux que je peux, je mieux en mieux j'espère, ce qui durera tant que les éditeurs me suivront (ce qui, par chance Smile, est le cas pour l'instant).

Enfin, tu changes régulièrement d'éditeur. Est-ce gênant d'avoir la bougeotte ? N'y a-t-il pas de concurrence implicite qui s'établit avec soi-même ? N'as-tu donc lié aucune relation privilégiée avec ton premier éditeur ?
Les maisons d'édition n'aiment pas même tous leurs oeufs dans le même panier (et je les comprends). Un auteur "jeune" est un risque. Il est donc rare qu'une maison prenne le risque de sortir plusieurs romans de même auteur tout de suite, ce qui explique pourquoi nous sommes nombreux à travailler pour plusieurs maisons différentes. Nos styles, nos histoires changent aussi, et peuvent ne pas coller avec les lignes éditoriales. Tout ça constitue plein de bonnes raisons pour une maison de ne pas retenir tout de suite ses auteurs (sauf coup de foudre réciproque), et pour un auteur d'essayer d'aller voir ailleurs.
Pour être honnête, oui, évidemment, j'aurais aimé construire une relation privilégiée avec mon premier éditeur. Mais cela ne s'est pas fait, pour plein de raisons. Ce n'est pas grave, au final. Ces liens, je les tisse peu à peu avec les autres éditeurs avec qui je suis amené à travailler, et c'est tout aussi bien.
Avoir la bougeotte est au final un avantage je trouve. On rencontre beaucoup de personnes, d'avis différents lors des corrections. J'ai beaucoup appris grâce à ça. Et fait certaines belles rencontres.

En te remerciant à l'avance de tes différentes réponses.
Merci pour tes questions sans langue de bois Smile.

David
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Rencontre avec l'auteur David Bry (Ven 8 Juin 2012), pour son livre Failles aux éditions Asgard. Empty Re: Rencontre avec l'auteur David Bry (Ven 8 Juin 2012), pour son livre Failles aux éditions Asgard.

Message par Admin Dim 16 Jan - 13:31

Rencontre avec l'auteur David Bry, pour son livre 2087 aux éditions Black Book Editions.

Rencontre avec l'auteur David Bry (Ven 8 Juin 2012), pour son livre Failles aux éditions Asgard. 2087_c10


Rencontre avec l'auteur David Bry (Ven 8 Juin 2012), pour son livre Failles aux éditions Asgard. David_18


Rencontre avec l'auteur David Bry (Ven 8 Juin 2012), pour son livre Failles aux éditions Asgard. 2087_d10


Détails sur le produit
Broché: 402 pages
Editeur : Black Book Editions (19 mai 2012)
Collection : BLACK BOOK EDIT
Langue : Français
ISBN-10: 2363281020
ISBN-13: 978-2363281029


2087
Par David Bry
Protégée par un dôme de la pollution du monde extérieur, Paris en 2087 est grise, entre chrome, verre et métal, ses multiples buildings et passerelles se dressent au-dessus des brumes radioactives verdâtres sous lesquelles ne vivent plus que les exclus, les mutants et les gangs.
Derrière la grande muraille périphérique, les irradiés des banlieues n’ont pas la chance de vivre dans la cité : chaque jour, leur nombre augmente et leur colère gronde, malgré les efforts de l’armée de la ville pour les contenir.
Gabriel est détective. Un jour, il reçoit un appel d’une femme, qui souhaiterait le voir enquêter sur le meurtre de sa sœur.
Quand il se rend chez elle le lendemain, il ne retrouve que son corps et la tête tranchée d’un psilien, ces humains que les mutations ont rendus télépathes.
Sur cette tête est accroché un papier, qui porte le nom du détective.
Ainsi commence cette histoire aux méandres vertigineux, qui mènera Gabriel dans les rues sales et sombres de Paris, sur les passerelles tentaculaires qui surplombent le brouillard et relient les grandes tours de béton et d’acier.
Comme lui la vérité vendra chèrement sa peau, et ses enjeux dépasseront peut-être les frontières de l’imagination du détective, précipité avec le lecteur dans une descente aux enfers que rien ne pourra arrêter.

La banlieue gronde, les gangs s’agitent. Cette fois, peut-être que l’armée ne pourra pas les retenir.
David Bry nous offre un récit entre roman noir et cyberpunk à la Blade Runner, machiavéliquement bien construit, qu’il exécute avec virtuosité. Au fur et à mesure que l’on suit, haletant, Gabriel sur les passerelles de Paris au rythme effréné de son enquête, l’univers s’enrichit d’éléments cruciaux, comme autant de pièces d’un jeu d’échecs qui se mettent en place pour un final magistral et explosif, digne d’un excellent polar.



Critique :

http://www.mythologica.net/2012/05/2087-david-bry/

L’éditeur :

http://www.black-book-editions.fr/index.php?site_id=153
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Rencontre avec l'auteur David Bry (Ven 8 Juin 2012), pour son livre Failles aux éditions Asgard. Empty Re: Rencontre avec l'auteur David Bry (Ven 8 Juin 2012), pour son livre Failles aux éditions Asgard.

Message par Admin Dim 16 Jan - 13:32

Bonjour à tous !

Dernière salve de questions, pour mon dernier roman cette fois, sorti tout récemment.
Merci beaucoup à Olivier pour ses questions qui, à chaque fois, ont su être différentes et intéressantes. J'espère que mes réponses le seront tout autant !

Comme d'habitude, n'hésitez pas à réagir Smile.

David




Tout livre, même si l'on n’aime pas les classements, appartient à un genre. Quel est celui du vôtre et pour quelles raisons l’avez-vous choisi ?
Je dis souvent que 2087 est un polar d’anticipation. Polar d’abord, car il s’agit d’une enquête, menée par un détective. D’anticipation ensuite, car le roman se passe à Paris, en 2087.
Je n’ai pas réellement choisi le genre, en fait. Il s’est plutôt imposé à moi. Je voulais, dans ce livre, raconter l’histoire d’un détective torturé et à la recherche de « quelque chose ». J’avais donc une base de polar. Ancrer le roman dans le futur s’est fait dans un second temps. Cela m’est venu de l’une des scènes de fin, que j’avais déjà à l’esprit. A cause d’elle, l’histoire devait forcément se dérouler dans le futur.

Chaque genre possède des conventions correspondant aux attentes de ce public. Quelles sont celles que vous avez eu plaisir à réaliser ? Les clichés du genre, que vous avez su éviter ? Et au contraire pensez-vous en avoir renouvelé quelques-unes ?
La première et la troisième partie de la question sont, en ce qui concerne 2087, complètement liées. L’image du détective solitaire, qui souffre à cause de quelque chose que le lecteur ne connait pas, a été à la base de l’envie d’écrire le roman. Il s’agit d’un cliché de chez cliché, j’en ai bien conscience. Mais j’avais envie de raconter une histoire basée là-dessus. J’ai donc utilisé ce cliché, presque tel quel.
Ancrer l’histoire dans le futur a permis de m’éloigner un peu du poncif. J’ai également rendu le détective bisexuel. Cela le différenciait du tombeur de belles blondes trop maquillées, mais cette sexualité a également un vrai sens. Elle appartient pleinement au personnage, et dit beaucoup de lui. Enfin, dernière tentative d’éloignement par rapport à l’image traditionnel du détective, j’ai voulu un héros qui n’en soit pas. Et j’ai également refusé d’en faire un anti-héro (autre poncif du genre). J’aime énormément Gabriel, le personnage principal de cette histoire. Il méritait mieux qu’un simple cliché. J’espère (et je crois) avoir réussi à ne pas l’y enfermer. Ou, au moins, pas complètement Smile.

En une phrase quel est le concept de l’histoire ? Quelle stratégie globale a déterminé votre façon d’écrire ?
Il s’agit d’une enquête qui, au fil de sa résolution par le héros, va l’amener à comprendre certains éléments cruciaux de son passé.
Mon idée était à la base de lier l’enquête, l’intrigue et le héros, et de dénouer le tout à la fin. D’apporter les pièces du puzzle, de donner les éléments au fur et à mesure, puis de montrer comment tout s’emboite, à la fin, en une logique implacable. Il a fallu donc apporter l’ensemble des éléments au lecteur, sans pour autant lui donner le fin mot de l’histoire trop tôt. Ca a été l’une des difficultés dans 2087. En donner suffisamment pour que le lecteur trouve la fin logique, qu’il ait quelques pistes, sans pour autant lui donner la clef. Sinon, il n’y aurait pas de surprise. Elle est pourtant de taille. Et violente.

Quelle est la prémisse de votre histoire, soit votre histoire formulée en une seule phrase ?
Je dis, et j’écris souvent, qu’il s’agit d’une histoire d’amour et d’humain, dans le monde fou et glacé de 2087. Ces quelques mots, à eux seuls, résument je crois tout ce que j’ai voulu mettre dans ce roman.

Parlez-nous de votre (vos) héros. Dites-nous quels sont les faiblesses psychologiques et les besoins moraux, que vous lui avez attribués.
Des faiblesses, Gabriel (le héros principal) en a plein ! Il est hanté par des cauchemars qui le réveillent la nuit, hurlant et couvert de sueur. Il essaie de les fuir à tout prix, et se gave de drogues pour cela … en vain. Et, étrangement, lorsqu’on lui propose de l’en débarrasser, Gabriel refuse. Il y a une raison à cela, bien sûr, mais je n’en dirai pas plus Smile. L’autre grande faiblesse du héros de 2087 est son besoin des autres. Gabriel est quelqu’un de brisé. Il ne tiendrait pas sans amour, sans la chaleur que lui apportent ses amis, celles et ceux qu’il a aimé, et qu’il aime certainement toujours d’ailleurs.
En contrepartie de cela, il est extrêmement fidèle et attentionné. Il est prêt à se sacrifier, à sacrifier son bonheur, pour ceux qui ont un jour été là pour lui. Il a un petit côté martyr, en fait.

Quel est le problème que votre (vos) héros rencontre au début de l’histoire, ou de quelle nature est la crise qu’il (ils) traverse ?
Gabriel est un peu paumé. Il vit dans un monde devenu inhumain, qu’il supporte difficilement, et qu‘il tente de le changer à sa manière. Il essaie de donner aux autres ce qui ne lui a pas été donné à lui. Il essaie de résoudre ce qui n’a pas été résolu pour lui. Quand le détective est, une nouvelle fois, appelé pour une histoire de meurtre, il s’y lance à corps perdu, même quand il réalise qu’il ne sera jamais payé. C’est l’hameçon qui lui a été lancé, et dans lequel il mord, les yeux fermés. Presque volontairement, d’ailleurs.

Quel est l’objectif, le but principal, qui pousse votre (vos) héros à entreprendre un certain nombre d’actions pour l’accomplir et qui l’amène à la fin de l’histoire ?
Gabriel a beau se laisser entraîner par l’enquête, il comprend rapidement qu’il y a autre chose que cela, qu’il n’a pas du tout été appelé par hasard, qu’il y a même une raison bien précise pour cela. Et il veut la connaître. Rapidement, il comprend aussi que tout est lié à lui, à son passé. Et, pour lui, s’il y a une chance, même infime, de découvrir ce qu’il recherche depuis tant d’années, il ne lâchera rien.

Un adversaire, personnage connu sous le nom d’antagoniste, est trop souvent représenté comme incarnant le mal de par son physique et son action. Alors qu’un bon adversaire est surtout celui qui cherche à empêcher le héros d’assouvir son désir, un concurrent qui tente d’atteindre le même objectif. Quels soins particuliers avez-vous apportés dans la création de l’adversaire principal de votre héros ?
De la crédibilité. Je suis convaincu qu’il s’agit d’un élément essentiel à une bonne histoire. L’antagoniste doit avoir des objectifs logiques, compréhensibles et cohérents. S’il agit d’une certaine manière, c’est qu’il a une raison très précise. J’ai été particulièrement attentif à cela dans 2087. Il fallait que tous ceux qui se liguent contre le héros aient des raisons pour le faire. Et tous, je crois, en ont, qu’elles soient cachées ou révélées.

Luigi Pirandello dans six personnages en quête d’auteur dit ceci :
« Les absurdités de la vie n’ont pas besoin de paraître vraisemblables, parce qu’elles sont vraies ; à l’opposé de celles de l’art qui, pour paraître vraies, ont besoin d’être vraisemblables. »
Comment vivez-vous cette affirmation et quel écho a-t-elle eu dans votre roman ?

Cela rejoint un peu le besoin de cohérence dans les motivations que doivent selon moi avoir les « ennemis » du héros. Dans une histoire inventée, il faut être attentif à ce que tout soit logique. Le hasard ne doit pas exister, ou très peu, car toujours derrière se cache la menace d’une facilité de l’auteur, d’un deus ex-machina … voire de la paresse, ou d’un manque de respect vis-à-vis du lecteur ?
Je suis donc particulièrement attentif à ce que tout ait une raison d’être. Si un objet se trouve quelque part, alors ce n’est pas par hasard. Si le héros croise quelqu’un d’important dans l’intrigue, il doit y avoir une explication. Et, si le hasard apparaît, le héros doit en tirer profit, pas juste le cueillir. Je pense que le hasard dans un livre tue l’action, l’intelligence, le suspens. Si tout se fait tout seul, sans que le héros ait besoin de se fatiguer, alors que vaut-il ? Pas grand-chose, sans doute. Et, dans ce cas, ce qui lui est arrivé à lui pourrait arriver à l’importe qui. Or, ce n’est pas ce qu’on veut raconter, je crois.

L’un des premiers commandements dans les arts temporels est de garder le meilleur pour la fin. L’événement ultime de l’histoire est la tâche ultime de l’auteur.
Qu’en pensez-vous ? Vous-même, avez-vous travaillé particulièrement la fin de votre roman ?

Je pense qu’en effet la fin est essentielle, surtout parce qu’elle correspond au moment où le lecteur lâche le livre, se sépare du support physique.
Que reste-t-il, après ce moment ? Que veut-on laisser, nous, auteurs, après ce moment ? Cela dépend de chacun, sans doute, et des types de livres qu’on écrit. Si c’est un voyage, alors il faut laisser un beau souvenir. Si c’est un message, une réflexion, alors il faut que cela reste suspendu, dans l’air, afin que le lecteur reste avec, même le livre refermé. Si c’est un coup de poing, alors il faut qu’il fasse mal, qu’il prenne aux tripes, que la dernière page soit accompagnée de larmes ou de stupéfaction.
Tous les livres que j’ai écrits, surtout après Ervalon, sont justifiés par leur fin. Dans Failles, j’ai voulu une fin douce amère, le mélange d’un constat d’échec, d’une promesse et d‘un espoir. La fin de 2087 est très différente. Mais à chaque fois, les dernières lignes m’ont guidé, et ce dès les premiers chapitres. Je sais où je veux aller. Et où je veux amener le lecteur (où j’essaie de l’amener, en tout cas). Le souci alors, et là où je suis très attentif, c’est d’être cohérent. La fin, si on fait tout pour y amener le lecteur, doit être un mélange de suite logique, évidente … et de coup de théâtre, de révélation, ou de lâcher prise. Ce n’est pas facile à faire. Et je suis convaincu qu’elle ne se travaille pas uniquement aux dernières pages.

Si vous deviez mettre en avant que quatre points forts de votre roman, quels seraient-ils ?
Avant tout, les personnages je dirais. Je n’avais jamais je crois créé des personnages si humains, si complets, si … entiers. Ils ont une vie avant le roman, ils s’inscrivent dans l’histoire (qui ne les fait pas sortir du néant). Ils ont des motivations, des caractères, des qualités et des défauts. J’ai réussi, je crois, et je ne sais pas trop comment, à les rendre réalistes, cohérents (je note : un mot qui revient souvient, cohérent).Et ils sont tous, je trouve, très touchants.
Ensuite, je parlerais de l’univers. Encore le mot cohérent, désolé, mais c’est le premier qui me vient à l’esprit (comme quoi je le suis, moi aussi Smile ). A lire les critiques au sujet du roman, j’ai construit un univers qui se tient vraiment, auquel on croit, dans lequel on peut se plonger. J’en suis très, très fier.
L’intrigue est un autre des points forts je pense. Il n’y a dans 2087 aucun deus ex machina, aucun mensonge, aucun faux-semblant. Il y a une ligne, tracée de la première à la dernière page. Et lorsque le lecteur arrive à la fin de l’histoire, les choses s’emboitent parfaitement, de manière évidente, comme si toutes les pièces du puzzle se mettaient en place. Je vais une fois de plus citer les critiques : toutes se terminent par un mélange de « il a osé » et de « c’était finalement évident ». Je prends cela comme un gros, gros compliment vis-à-vis de l’intrigue. Savoir surprendre sans surprendre, ce n’est vraiment pas évident.
Enfin, comme dernier point fort … la fin, justement. Je ne veux rien dévoiler bien sûr, mais je pense l’avoir réussie. Je l’ai en tout cas énormément travaillée, pour que l’écrit colle au plus près à l’effet que je voulais insuffler au lecteur. Je pense m’en être pas mal sorti.
Aux lecteurs, maintenant, d’en juger Smile.
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Rencontre avec l'auteur David Bry (Ven 8 Juin 2012), pour son livre Failles aux éditions Asgard. Empty Re: Rencontre avec l'auteur David Bry (Ven 8 Juin 2012), pour son livre Failles aux éditions Asgard.

Message par Admin Dim 16 Jan - 14:47

Bonjour Sunny Blue,

merci pour tes questions.

En écho à ta première trilogie, laquelle est présentée concomitamment sur le forum, il est courant de lire qu'une bonne partie de jeu de rôles fait un mauvais roman. Qu'en penses-tu ? Comment t'y es-tu pris pour rendre une soirée entre amis digeste pour le lecteur ?
Je ne pense pas qu'il y ait de lien entre le jeu de rôle et la qualité du roman. Je pense plutôt qu'il y a un lien à faire entre premier roman et qualité du roman. Certains auteurs (un nombre non négligeable d'entre eux a je crois commencé par le jeu de rôle) réussissent à marquer les esprits tout de suite, avec un style de folie, un univers incroyable. D'autres font une entrée plus modeste. Je suis lucide, je m'inscris évidemment dans ces derniers. Cela n'a pas empêché de nombreux lecteurs d'aimer Ervalon, même si évidemment l'histoire comme le style sont améliorable, j'en suis conscient aussi (ah, les premiers romans ...).

Je n'ai pas écrit Ervalon dans le but d'être édité. Je l'ai écrit pour garder trace de l'histoire que j'avais racontée, et que j'avais partagé avec mes amis. Une histoire que j'ai aimé et que j'aime toujours énormément. Une histoire de valeurs, de sacrifices, d'amitié, de défaites et de victoires. C'est ça que je raconte dans Ervalon. Je n'y vois donc aucune différence, en termes de traitement, d'écriture ou autre, par rapport à mes autres romans. Dans ces derniers, j'ai profité de l'expérience acquise, bien sûr. Mais raconter une histoire reste ... raconter une histoire Smile.

Tu avoues te consacrer plutôt à l'histoire en elle-même qu'à l'écriture. Est-ce à dire que tes romans ne sont pas très biens écrits mais conviennent ainsi à défaut de mieux ? Pourquoi, d'après toi, les éditeurs de fantasy française ne sont pas trop exigeants au niveau du style ?
:aïe:
Bon, ce n'est pas exactement, exactement ce que j'ai voulu dire. Pour moi, oui, un livre sans une histoire qui se tient, sans une histoire qui tient le lecteur, et bien ... ne m'intéresse pas. Je suis avant tout un lecteur et un raconteur d'histoire. Pas un écrivain. Je ne cherche pas à lire quelque chose de bien écrit, mais lire quelque chose qui m'emporte. Alors oui, ma priorité est absolument et sans équivoque l'histoire. L'écriture est (pour moi, évidemment) à son service. Cela ne veut pas dire que j'écris comme une bouse et que je m'en fiche Smile. Je reste amoureux des mots, des sons qu'ils forment. J'écris du mieux que je peux. Est-ce bien écrit, mal écrit ? Je vais être transparent, et ne pas parler en mon nom (parce que cela n'aurait aucune valeur, me concernant) : les critiques d'Ervalon n'étaient pas excellentes à ce sujet, celles de 2087 (mon dernier) sont plutôt unanimes : c'est bien écrit. Est-ce vrai, fauix ? Impossible à dire, tant cela est subjectif. Chaque lecteur aime un certain style, et se fait son propre avis, en fonction de ses goûts, de ses attentes, de la manière dont il peut être approché.

Je ne suis pas d'accord quand tu dis que les éditeurs de fantasy ne sont pas regardants sur le style. De nombreuses maisons sont intraitables là-dessus, par bonheur. D'autres, moins, en effet. Ca dépend de l'expérience des éditeurs, ça dépend des goûts et des couleurs , ça dépend évidemment aussi d'une stratégie commerciale (toujours le même souci de qualité vs quantité). Il est aussi connu qu'un auteur, en général, est un pari. Il ne réussit pas tout de suite (pas tout le temps, en tout cas), il n'arrive pas tout de suite au top de ses possibilités. Les éditeurs, peut-être (je dis peut-être car je n'ai pas la réponse), voient cela aussi. Les possibilités.

Tu expliques aussi que tes romans ont fait l'objet de très peu de corrections et ont passé les comité de lecture comme une lettre à la poste alors que tu étais un parfait inconnu et que tu n'avais rien publié auparavant. C'est le rêve de tout auteur ! Mais tu reconnais dans le même temps regretter que la phase de correction n'ait pas été plus approfondie. Je rejoins donc ma question précédente : les éditeurs de Fantasy sont-ils moins compétents que d'autres généralistes ou sont-ils moins exigeants en terme de qualité parce qu'il s'agit de Fantasy ?
Mon éditeur de l'époque a-t-il estimé que mon texte était une perle ? (ok, même moi ça me semble difficile à croire Smile ). Y a-t-i eu manque de temps, d'envie, y a-t-il eu incompréhension ? Je ne sais pas. Mais je suis convaincu qu'il s'agit d'un cas particulier. Qui arrive, certes. Mais qui ne doit pas être transformé en une généralité. Et qui, j'insiste, n'est même pas souhaitable. Tout le monde y perd : l'éditeur, l'auteur, la maison d'édition ... et le lecteur.

En outre, pour être ainsi édité rapidement et facilement, n'y a-t-il pas une bonne part de chance ?
Si. Si, bien sûr. Je crie sur tous les toits que j'ai beaucoup de chance. Faudrait que j'apprenne à mentir, dire que je suis bourré de talent, le nouveau China Mieville ou Stephen King. Mais je ne sais pas mentir. Alors oui : j'ai eu de la chance, beaucoup même. Et maintenant, j'écris, j'écris, j'écris, du mieux que je peux, je mieux en mieux j'espère, ce qui durera tant que les éditeurs me suivront (ce qui, par chance Smile, est le cas pour l'instant).

Enfin, tu changes régulièrement d'éditeur. Est-ce gênant d'avoir la bougeotte ? N'y a-t-il pas de concurrence implicite qui s'établit avec soi-même ? N'as-tu donc lié aucune relation privilégiée avec ton premier éditeur ?
Les maisons d'édition n'aiment pas même tous leurs oeufs dans le même panier (et je les comprends). Un auteur "jeune" est un risque. Il est donc rare qu'une maison prenne le risque de sortir plusieurs romans de même auteur tout de suite, ce qui explique pourquoi nous sommes nombreux à travailler pour plusieurs maisons différentes. Nos styles, nos histoires changent aussi, et peuvent ne pas coller avec les lignes éditoriales. Tout ça constitue plein de bonnes raisons pour une maison de ne pas retenir tout de suite ses auteurs (sauf coup de foudre réciproque), et pour un auteur d'essayer d'aller voir ailleurs.
Pour être honnête, oui, évidemment, j'aurais aimé construire une relation privilégiée avec mon premier éditeur. Mais cela ne s'est pas fait, pour plein de raisons. Ce n'est pas grave, au final. Ces liens, je les tisse peu à peu avec les autres éditeurs avec qui je suis amené à travailler, et c'est tout aussi bien.
Avoir la bougeotte est au final un avantage je trouve. On rencontre beaucoup de personnes, d'avis différents lors des corrections. J'ai beaucoup appris grâce à ça. Et fait certaines belles rencontres.

En te remerciant à l'avance de tes différentes réponses.
Merci pour tes questions sans langue de bois Smile.

David

Bonjour Foedinis !

Je trouve cette conclusion un peu cavalière, si je puis me permettre.
Pas de souci, on est là pour ça Smile.

Un jeune auteur est un réellement un risque lors de la sortie de son premier ouvrage.
Si cette sortie est validée par un succès, je ne vois pas en quoi enchaîner avec un autre titre peut constituer un risque plus important encore.
Le succès d'un livre ne se mesure / sent en général que plusieurs mois après sa sortie. L'auteur, entre temps, a parfois déjà écrit un autre roman (cela a été mon cas, par exemple). Et le statut de "jeune" auteur ne part pas après le premier livre sorti. Il peut durer longtemps ...

Et pourtant, pourtant, la manière dont est écrit une histoire contribue à emporter le lecteur justement. Faire passer les sentiments justes, dépeindre les choses telles qu'elles sont, transmettre une atmosphère... tout ça ne dépend que d'une chose : la qualité d'écriture.
Je suis complètement d'accord avec toi. Mais ne t'est-il jamais arrivé de lire un livre superbement écrit et juste ... chiant tellement il ne se passe rien ? Moi, si. Et, honnêtement, je préfère quelque chose de moins bien écrit mais dont il me tarde de tourner la page qu'une histoire soporifique. Mais cela n'engage que moi, bien sûr.

Une bonne histoire écrite avec les pieds ne pâtit-elle pas du manque de couleurs qui en découle ?
Et puis, passer ainsi à côté de la part de lecteurs qui ont besoin d'un mariage réussi entre style et intrigue n'est-il pas dommage ?
J'insiste. Je ne dis pas qu'il faut écrire n'importe comment. Je dis juste, qu'à mon avis, l'histoire est plus importante que le style. Mais je ne dis surtout pas qu'on peut écrire n'importe comment sous prétexte qu'on a une bonne histoire. Et je ne le pense pas, non plus Smile.

Tu ne parais pas satisfait de ta trilogie en terme de qualité.
Envisages-tu une réécriture de ces trois ouvrages pour corriger le tir ?
La satisfaction est l'ennemie du progrès. Je pense qu'on peut toujours faire mieux, en apprenant, en progressant, en prenant du recul.
Est-ce que j'aimerais ré-écrire Ervalon ? Oui, sans doute. Parce que l'histoire le mérite, je pense. Ce sujet de la qualité des premiers romans est assez courant. Ca tracasse beaucoup les auteurs qui ont sorti quelques livres. Et j'en fais partie, oui (des gens tracassés).
Maintenant se pose le problème du temps, et des éditeurs. A ma connaissance, ce projet n'intéresserait pas d'éditeurs. Et j'avoue que je préfère focaliser mes efforts sur toutes les histoires qu'il me reste à écrire. Je cours après le temps.

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Rencontre avec l'auteur David Bry (Ven 8 Juin 2012), pour son livre Failles aux éditions Asgard. Empty Re: Rencontre avec l'auteur David Bry (Ven 8 Juin 2012), pour son livre Failles aux éditions Asgard.

Message par Admin Dim 16 Jan - 14:49

@Olivier : De rien ! C'est un plaisir d'échanger autour des bouquins, des miens, de ceux de autres, de ce que tous on attend d'un livre. Et merci pour l'invitation Smile.

@Foenidis
(merci pour le compliment ... Smile )

je suis décidément jalouse de la très belle manière dont tu dépeins de tes œuvres
Quand j'ai commencé, j'étais très maladroit, pas toujours à l'aise. Avec l'expérience, on apprend (ou j'ai appris) à avoir moins peur de la critique de l'autre, à gagner un peu en assurance. A dissocier aussi le livre de la personne. Je ne suis pas 2087. Je ne suis pas Failles. On peut aimer ou ne pas aimer l'un ou l'autre, ma manière de faire ou d'écrire, mais ça ne parle pas de moi en tant que personne (même si c'est fait à partir de moi), "juste" de quelque chose que j'ai voulu bien faire, et donner ensuite. Chacun a ensuite le droit d'en penser ce qu'il veut. Ca n'enlève pas l'intention.
Je me rends compte en écrivant ceci que je donne une version un peu idéaliste de l'écriture. Car un livre s'achète, et que le lecteur va y passer du temps, s'y investir (ou non). C'est ici qu'arrivent les critiques. J'en discutais récemment avec Jeanne-A. Debats, qui m'a donné une très belle définition des critiques qui sont là, dit-elle, pour "protéger le lecteur". Je suis complètement d'accord avec ça.
En tout cas, essayer de faire passer une histoire, un sentiment, une vision, et quel que soit son talent pour le faire, reste une très belle intention.

Que penses-tu des personnes qui pensent qu'il y a toujours un peu de l'auteur dans ses personnages ?
Je crois qu'on ne peut pas décrire / faire ressentir ce qui est trop loin de nous, ou qu'on n'a pas compris. Les personnages d'un livre, si on veut qu'ils soient crédibles, doivent avoir une facette de nous, un trait de ressemblance, quel qu'il soit. Je suis convaincu qu'il y a de moi dans chacun de mes héros, les bons comme les mauvais.

Est-ce le cas pour ce détective ?
Le héros principal d'une histoire n'est pas forcément nous-même. Je ne suis pas auto-centré (enfin, pas complètement en tout cas Smile ). Je ne cherche pas à parler de moi dans mes livres, ni d'un moi magnifié. Gabriel me ressemble comme peuvent me ressembler Lieume, Martin, Gaëtan. J'ai un peu plus "fouillé" Gabriel, parce que l'histoire tourne autour de lui, de ce qu'il est, et que forcément il fallait que je le développe plus que les autres. Mais il ne me ressemble pas plus qu'un autre. Par contre, j'avoue que je l'aime encore plus que les autres, oui. C'est un personnage auquel je me suis énormément attaché. Sa fragilité (que je lui ai donné, j'en ai bien conscience) me touche beaucoup.

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